Le bon usage des médicaments

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Impact social
Politique de santé
Politique en matière de médicaments et de vaccins
Chez pharma.be, nous sommes convaincus que l'accès à des médicaments et à des soins de santé de qualité constitue un droit humain fondamental. Les médicaments jouent un rôle essentiel : ils soulagent, soignent et préviennent de nombreuses maladies. Il reste cependant courant que les médicaments soient mal utilisés : certains ne sont pas pris du tout, d'autres de manière insuffisante ou excessive.

Qu'est-ce que le bon usage des médicaments ?

Les médicaments ne sont pas des produits comme les autres. Pour assurer un traitement efficace, il est essentiel de prêter une attention particulière à leur utilisation. Pourtant, la prise de médicaments peut représenter un véritable défi pour certains patients. Dans bien des cas, les médicaments ne sont pas utilisés conformément aux recommandations établies avec le professionnel de santé. Mais qu'est-ce que cela signifie exactement ? 

L'Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) définit le bon usage des médicaments comme : « Utiliser le bon médicament au bon moment, et uniquement si son usage est strictement nécessaire, compte tenu des prescriptions du médecin, des indications du pharmacien et des informations sur la notice. La qualité, la sécurité et l’efficacité doivent toujours être respectées en cas d’utilisation de médicaments ». 

pharma.be a également rassemblé des conseils essentiels sur l'utilisation sûre et responsable des médicaments par les patients.

Zoom sur l’observance thérapeutique

L’observance thérapeutique désigne le respect rigoureux d’un traitement médical tel qu’il a été prescrit par un médecin ou un pharmacien. Cela implique qu’un patient prend le bon médicament - à la bonne dose et au bon moment - pendant toute la durée (convenue) du traitement. 

Ces dernières années, nous observons cependant une tendance inquiétante. Partout dans le monde, de nombreux patients ne suivent pas correctement leur traitement, voire l’interrompent complètement. Cette situation compromet leur santé et entraine des coûts importants pour le système de santé. De nombreuses études et rapports soulignent que le manque d’observance est un problème structurel, profondément enraciné, qui nécessite une attention renforcée. 

  • Selon un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) [1] datant d'une vingtaine d'années, environ 50 % des médicaments ne sont pas pris conformément à la prescription du prestataire de soins, avec une forte variation en fonction de la pathologie. 
  • Au début du traitement, on estime qu'environ 20-30 % des nouvelles prescriptions ne sont pas prises. L'arrêt précoce du traitement (en particulier pour les affections de longue durée) augmente progressivement, depuis l'initiation jusqu’à deux ans après le diagnostic.  
  •  Le manque d'observance est associé à environ 200 000 décès et à une charge financière de 125 milliards d'euros par an en Europe [2]. 

Focus sur l'importance de l'observance thérapeutique pour les maladies chroniques

Les maladies chroniques (ou de longue durée) sont de plus en plus fréquentes au sein de notre population, alors que les soins de santé continuent de s'améliorer [3]. 

  • Une étude récente démontre que l'observance thérapeutique chez les patients souffrant de plusieurs maladies (chroniques) se situe entre 44,1 et 76,5 % [4]. 
  • Chez les patients atteints de diabète, d'hypertension artérielle ou d'hypercholestérolémie, on constate que 4 à 31 % des patients ne venaient jamais chercher leurs médicaments [2] . Parmi ceux qui ont entamé un traitement, on estime que seuls 50 à 70 % ont pris leurs médicaments régulièrement et que moins de la moitié de ces patients prenaient toujours leurs médicaments deux ans après le diagnostic. 
  • Une étude mondiale a suivi 27 millions de patients souffrant d'hypertension sur une période de 10 ans [5]. Il a été observé que 27 à 40 % des patients ne prennent pas leurs médicaments de manière adéquate. Cette mauvaise observance est directement associée à un mauvais contrôle de la tension artérielle, à un risque accru de complications, à une augmentation des hospitalisations et à une mortalité plus élevée. 

Les avantages d'un engagement en faveur du bon usage des médicaments

Le mauvais usage des médicaments est un problème à long terme qui affecte profondément la santé des patients et la durabilité des systèmes de santé. Encourager l'observance thérapeutique a des effets directs et indirects sur [3] : 

  • Les résultats en matière de santé : Le bon usage des médicaments contribue à la fois à la guérison et à la prévention des problèmes de santé, ainsi qu'à l'amélioration de la qualité de vie, à l'augmentation de la productivité et à l'allongement de la durée de vie des patients. 
  • La réduction les échecs thérapeutiques et le risque de complications supplémentaires : Le bon usage des antibiotiques en est un exemple bien connu. Si les antibiotiques ne sont pas utilisés correctement (comme prescrits), ces médicaments importants ne peuvent plus agir contre les bactéries qui nous rendent malades. C'est ce qu'on appelle la résistance aux antimicrobiens. 
  • La confiance du public : la promotion du bon usage renforce la confiance du public dans les traitements et les médicaments.  
  • La diminution des déchets : une bonne utilisation permet de réduire le gaspillage de médicaments, ce qui diminue la quantité de médicaments périmés ou inutilisés collectés par les pharmaciens, réduisant ainsi la nécessité de traitements supplémentaires. 
  • La durabilité du système de soins de santé : les patients ont moins recours aux soins complémentaires (secondaires) (tels que les rendez-vous supplémentaires avec des spécialistes ou les consultations d'urgence, mais aussi les tests de diagnostic et les médicaments supplémentaires), ce qui permet une utilisation plus efficace des ressources disponibles. 

Les enjeux de l’adhérence thérapeutique

Certaines personnes oublient de prendre leurs médicaments ou rencontrent des difficultés à comprendre le plan de traitement qui leur a été prescrit. D'autres choisissent délibérément de ne pas suivre leur traitement, par crainte des effets secondaires potentiels. Toutefois, il serait réducteur de considérer que l’observance thérapeutique relève uniquement de la responsabilité du patient.  

En réalité, l’adhésion à un traitement dépend de nombreux facteurs : elle varie selon les individus, la nature de la pathologie, le type de traitement proposé, mais aussi selon le contexte social, économique et environnemental dans lequel évolue le patient. 

L’adhésion à un plan de traitement repose en grande partie sur la motivation du patient et sa confiance dans l’efficacité du traitement. Elle dépend également de ses capacités physiques — telles que l’ouverture d’un flacon, l’auto-administration d’une injection ou la possibilité de se rendre à la pharmacie — ainsi que de ses aptitudes cognitives, notamment la compréhension des instructions médicales, aussi appelée littératie en santé. Le rôle des systèmes de santé est tout aussi déterminant : l’accès à des soins adaptés, la disponibilité et la prise en charge des médicaments, ainsi que la qualité de la communication entre les professionnels de santé et le patient sont des éléments clés. Une relation thérapeutique fondée sur l’écoute et la confiance peut grandement favoriser l’engagement du patient. Ainsi, pour garantir l’efficacité d’un traitement, il est essentiel d’harmoniser l’ensemble de ces facteurs.

Un objectif commun, un défi commun

Il a été prouvé que renforcer de l'adhésion du patient a un impact plus important sur la santé qu'un ajustement du régime médicamenteux [6]. Pourtant, de nombreux professionnels de santé se sentent démunis face à ce constat et peinent à intervenir efficacement. Il est donc important que tous les prestataires de soins impliqués, ainsi que le patient (et son entourage), reconnaissent l'importance de l'observance thérapeutique et continuent d'y travailler.  

L’optimisation de l’usage des médicaments, tant par les professionnels de santé que par les patients, est essentielle pour réduire la morbidité et la mortalité liées aux maladies transmissibles et non transmissibles. Elle contribue également à une meilleure maîtrise des dépenses en médicaments, afin de garantir la santé d'une population de plus en plus vieillissante. 

Le rôle du secteur biopharmaceutique

Les patients et les prestataires de soins de santé doivent recevoir une information claire, fiable et adaptée afin d’assurer une utilisation correcte et sécurisée des médicaments. pharma.be, en tant que représentant du secteur (bio)pharmaceutique innovant, et ses membres ont lancés plusieurs initiatives pour promouvoir le bon usage des médicaments, en collaboration avec les médecins, les pharmaciens et les patients. 

La promotion du bon usage des médicaments se fait par le biais de :  

  • L’éducation et l’information : Fournir aux patients et aux professionnels de la santé des informations claires et compréhensibles sur le bon usage des médicaments.  
  • La recherche et l’innovation : Développer de nouvelles technologies, méthodes d’administration et programmes pour améliorer l'observance, tels que les systèmes de rappel et les conseils personnalisés en matière de médicaments.  
  • La collaboration : travailler avec les prestataires de soins de santé, les décideurs politiques et d'autres parties prenantes pour créer un environnement qui minimise les risques connus liés aux médicaments et favorise l'observance. 

En bref, pharma.be et ses membres s'engagent activement à fournir des médicaments sûrs et de qualité qui, utilisés de manière appropriée, peuvent promouvoir la santé de l'ensemble de la population.

[1] World Health Organization. (‎2003)‎.;Adherence to long-term therapies : evidence for action. World Health Organization. https://iris.who.int/handle/10665/42682

[2] Khan, R. and K. Socha-Dietrich (2018), “ Investing in medication adherence improves health outcomes and health system efficiency: Adherence to medicines for diabetes, hypertension, and hyperlipidaemia, OECD Health Working Papers, No. 105, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/8178962c-en.

[3] The role of adherence in patients with chronic diseases, Burnier, Michel,European Journal of Internal Medicine, Volume 119,1 - 5

[4] Foley L, Larkin J, Lombard-Vance R, et al Prevalence and predictors of medication non-adherence among people living with multimorbidity: a systematic review and meta-analysis BMJ Open 2021;11:e044987. doi: 10.1136/bmjopen-2020-044987 

[5] Lee EKP, Poon P, Yip BHK, Bo Y, Zhu MT, Yu CP, Ngai ACH, Wong MCS, Wong SYS. Global Burden, Regional Differences, Trends, and Health Consequences of Medication Nonadherence for Hypertension During 2010 to 2020: A Meta-Analysis Involving 27 Million Patients. J Am Heart Assoc. 2022 Sep 6;11(17):e026582. doi: 10.1161/JAHA.122.026582. Epub 2022 Sep 3. PMID: 36056737; PMCID: PMC9496433 

[6] Khan, R. and K. Socha-Dietrich (2018), “Investing in medication adherence improves health outcomes and health system efficiency: Adherence to medicines for diabetes, hypertension, and hyperlipidaemia”, OECD Health Working Papers, No. 105, OECD Publishing, Paris, https://doi.org/10.1787/8178962c-en.

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