Vers des soins de santé à deux vitesses ?
Ces dernières années, de plus en plus d'économies ont été réalisées dans le budget des médicaments. Le résultat est que moins de médicaments innovants sont remboursés en Belgique et que les patients doivent attendre plus longtemps pour obtenir ces traitements de premier plan, portés par des percées historiques réalisées ici grâce à une collaboration étroite avec des universités, centres de recherche et hôpitaux de renom.
Pour que les innovations se poursuivent, il est important qu'elles soient suffisamment valorisées par le marché. Si ce n'est pas le cas, il deviendra impossible de financer les investissements considérables nécessaires à la recherche et au développement. Comme pour les innovations en matière de technologie informatique ou de défense, notre pays, et par extension l'Union européenne, a longtemps bénéficié des efforts des États-Unis. Les prix relativement plus élevés des médicaments aux États-Unis ont permis de négocier ici des rabais importants, ce qui a entraîné une diminution systématique de la part des dépenses en médicaments dans le budget de l'INAMI.
L'introduction de droits de douane sur les exportations de médicaments vers les États-Unis, mais aussi la volonté des États-Unis de ne plus payer des prix supérieurs à d'autres pays développés, pèsent lourdement sur l'avenir de l'industrie biopharmaceutique en Europe et en Belgique. Nous en observons déjà les conséquences puisque des investissements quittent l'Europe. Les récentes annonces dans la presse d'entreprises réduisant leurs activités au Royaume-Uni, en partie à cause d'une valorisation insuffisante de l'innovation, nous font craindre ce qui pourrait se passer en Belgique. De plus en plus d’entreprises peinent à accepter les conditions actuelles de prix et de remboursement. Les conséquences économiques, mais surtout sanitaires, ne tarderont pas à se faire sentir.
Dans le contexte actuel, toute réduction supplémentaire des médicaments innovants représente une menace sérieuse pour le maintien de la position de l'industrie biopharmaceutique dans notre pays, qui est pourtant un pilier essentiel de la croissance économique, de la productivité et de l'innovation. Les patients sont eux-aussi directement touchés par ces coupes aveugles, et nous nous dirigeons vers un système de soins à deux vitesses : un système en Belgique avec un accès à l'innovation plus restreint par rapport aux systèmes extérieurs. À terme, les médecins belges risquent de ne disposer que de traitements anciens, alors que des médicaments innovants, souvent plus efficaces, existent pour soigner leurs patients.
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