Le rôle de la division Bon Usage de l’AFMPS : interview avec Katrina Grosfils
Dans un secteur où l’innovation et la sécurité vont de pair, le bon usage des médicaments est un enjeu majeur pour la santé publique. À l’Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS), la division Bon Usage joue un rôle clé pour garantir que les patients disposent d’informations fiables et que les traitements soient utilisés de manière optimale. Pour en savoir plus sur cette mission essentielle, nous avons rencontré Katrina Grosfils, pharmacienne et docteure en sciences pharmaceutiques, et responsable de la division Bon Usage. Elle nous explique comment son équipe œuvre chaque jour pour placer le patient au cœur des décisions et renforcer la confiance dans les traitements.
1. Pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Je suis Katrina Grosfils, pharmacienne et docteure (PhD) en Sciences Pharmaceutiques, avec une thèse en biochimie, pharmacologie et biologie cellulaire.
Mon parcours m’a menée du monde académique aux pharmacies hospitalières et ouvertes au public, puis à l’industrie pharmaceutique, où j’ai occupé des fonctions internationales.
Lors de mon parcours professionnel, j’ai participé à pratiquement toutes les étapes du cycle de vie d’un médicament. Le processus de création d’un nouveau médicament est complexe et peut s’étendre sur dix à quinze ans, jalonné de risques et de défis importants. Ce cheminement englobe de multiples étapes, de la recherche et la sélection du candidat, en passant par les phases de développement non cliniques et toxicologiques, ensuite les essais cliniques, ainsi que les mises au point de la forme galénique et des procédés de production (Chemistry, Manufacturing, and Controls) jusqu’au lancement et la commercialisation. Une fois sur le marché, la gestion du cycle de vie du médicament prend le relais, avec des efforts pour explorer de nouvelles indications afin de maximiser le potentiel de la molécule. Ces expériences m’ont permis de développer une expertise approfondie dans la stratégie et la gestion du développement des « candidats médicaments »et d’une vision globale des défis et des besoins nécessaires pour transformer un « candidat médicament » en thérapie disponible pour les patients.
Au cours de ma carrière, j’ai toujours travaillé avec la motivation de répondre aux besoins des patients. Et j’ai pu observer une évolution notable au sein de l’industrie pharmaceutique : le patient est désormais au cœur des préoccupations, non seulement comme utilisateur final, mais aussi en tant qu’acteur consulté à plusieurs étapes du développement. Cette approche centrée sur le patient garantit une adéquation optimale entre le produit final et les besoins réels des utilisateurs, tout en mettant l’accent sur l’importance d’une information claire et précise concernant les traitements.
C’est dans cette logique que s’inscrivent les activités de la division Bon Usage à l’AFMPS, où j’ai découvert une agence engagée, à l’écoute et résolument tournée vers les patients.
2. Pouvez-vous nous parler de la division Bon Usage au sein de l’AFMPS et de ses principaux objectifs ?
Au sein de l’AFMPS, la division Bon Usage concentre la majorité de ses activités et nombreuses initiatives directement au service du patient.
En collaboration avec ses partenaires, la division œuvre à soutenir et développer des projets ayant pour objectifs:
- informer les patients de manière transparente, pertinente, fiable et compréhensible ;
- garantir l’accès aux médicaments, notamment en cas d’indisponibilité, et pallier aux indisponibilités et communiquer les solutions ;
- anticiper les actions nécessaires pour préserver la santé et l’accès aux thérapies actuelles et futures;
- assurer que la publicité destinée aux patients repose sur des bases scientifiques solides.
Nous soutenons également les professionnels de la santé (médecins, pharmaciens, infirmiers, etc.) dans leur rôle d’accompagnement auprès des patients.
Notre vision repose sur une collaboration étroite et efficace avec l’industrie pharmaceutique, les pharmaciens, les grossistes et les grossistes-répartiteurs, afin de pallier aux indisponibilités de médicaments en Belgique.
3. Quelles sont les initiatives spécifiques que l'AFMPS entreprend aujourd'hui pour stimuler le bon usage des médicaments chez les patients ?
Parmi nos projets phares : PharmaInfo.
Lancé en 2023, ce site informe les patients et les citoyens sur les maladies, les médicaments et les produits de santé, avec un langage adapté aux patients. PharmaInfo propose des fiches thématiques relatives à l’actualité et des conseils pratiques.
Les fiches thématiques, peuvent aussi être développées en fonction de l’actualité. Cela permet de transmettre rapidement l’information correcte aux citoyens et patients belges.
PharmaInfo est complémentaire à un autre outil clé de l’AFMPS : PharmaStatut, lancé en 2019. Ce dernier informe sur les (in)disponibilités de médicaments et les solutions possibles. Ensemble, ces deux outils renforcent l’accès à une information fiable, complète et claire destinée aux patients et aux citoyens. L’AFMPS continue à enrichir PharmaInfo pour favoriser un usage sécurisé et efficace des traitements.
4. Comment l'AFMPS tient-elle les parties prenantes impliquées et informées ?
La collaboration avec les parties prenantes est essentielle.
La division Bon Usage comprends plusieurs cellules avec des activités variées et nous avons mis en place plusieurs groupes de travail :
- Indisponibilités: avec des représentants fédéraux et gouvernementaux, l’industrie pharmaceutique, les mutualités, les grossistes et grossistes distributeurs, et les associations de patients et qui se réunissent cinq fois par an afin de communiquer et d’échanger sur les mesures et actions à prendre pour pallier aux problèmes d’indisponibilités. Ces parties prenantes sont aussi notre relais vers leurs réseaux respectifs pour communiquer sur nos activités. En cas d’indisponibilité critique, nous organisons (ad hoc) des Task Forces avec les professionnels de la santé (pharmaciens, pharmaciens d’hôpital et les prescripteurs) afin de se concerter et de décider des mesures à mettre en place.
- Patients et consommateurs: qui comprends des représentants des mutualités, des associations de patients et de défense des consommateurs et qui se réunissent trois fois par an afin de communiquer sur les activités de l’agence liées à l’information aux patients et de discuter de feedback sur les activités en cours. Ces représentants sont aussi le relais vers leurs réseaux respectifs pour communiquer sur nos activités.
- Plateforme des utilisateurs de la Source Authentique des Médicaments (SAM) : avec des représentants fédéraux, pharmaceutiques, pharmaciens, fournisseurs de logiciels, mutualités et association de médecins qui se réunissent trois fois par an. L’objectif est d’avoir une plateforme de communication entre les différentes parties qui utilisent SAM et permettre un échange d’informations et des discussions constructives sur l’outil. Ces représentants sont aussi le relais cers leurs réseaux respectifs pour communiquer sur nos activités.
- Notice et QR code : avec différents représentants qui se concentre sur les discussions relatives à la notice patients des médicaments et l’utilisation d’un QR code.
Ces groupes de travail permettent un dialogue constructif et une collaboration fructueuse avec nos partenaires dans le souci constant de la qualité pour le patient.
5. Quelles sont les ambitions futures de l'AFMPS pour continuer à stimuler le bon usage ?
L’AFMPS ambitionne de rester une agence de référence, reconnue pour son excellence tant au niveau national qu’international – que ce soit en Europe ou dans le monde entier. Nous visons également à renforcer notre position auprès des professionnels de la santé et du grand public.
Au sein de la division Bon Usage, nous visons à renforcer la confiance et la fiabilité de l’information.
Cela représente un enjeu central pour garantir :
- une utilisation adéquate des traitements et des dispositifs médicaux ;
- une réduction des risques d’effets indésirables et d’interactions médicamenteuses ;
- une optimisation des résultats thérapeutiques attendus et de la durée des traitements.
Ces efforts visent également à assurer une offre thérapeutique durable et de qualité pour les patients ainsi que pour les professionnels de la santé.
Pour les mois à venir, nos principales priorités incluent :
- l’élargissement des informations accessibles aux patients, afin de répondre de manière transparente et claire à leurs besoins ;
- la simplification des solutions proposées en cas d’indisponibilité de médicaments, pour les rendre plus compréhensibles ;
- le développement d’outils permettant d’anticiper les risques d’indisponibilité de médicaments et d’identifier, en collaboration avec nos partenaires, des solutions adaptées ;
- le suivi rigoureux et optimisé des stocks de médicaments pour éviter les ruptures et garantir la disponibilité des traitements.
Notre ambition : innover et collaborer avec l’ensemble des acteurs du secteur pour placer le patient et la santé publique au centre de nos actions.
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