La Belgique, pays des vaccins et médicaments innovants (ainsi que de la bière et du chocolat...)

L'écosystème (bio)pharmaceutique belge joue un rôle très important. Non seulement pour les patients et l'économie belges, mais aussi au niveau européen et même mondial. La Belgique est clairement une plaque tournante internationale pour les exportations (bio)pharmaceutiques et joue donc également un rôle dans la santé publique mondiale. L'impact de la Belgique dans la recherche d'une solution à la crise du COVID-19 en est la preuve. Grâce à la présence d'installations de recherche et de production pharmaceutiques hautement développées, la Belgique a joué un rôle central dans le développement et la production de vaccins à grande échelle.

Mais la Belgique n'a pas toujours été un acteur mondial. Comment a-t-elle évolué historiquement ? Quelles ont été les tendances ? Combien de temps a-t-il fallu à la Belgique pour acquérir cette position unique ? Et comment se situe-t-elle par rapport au reste de l'Europe, au Japon, à la Chine et aux États-Unis ?

Ici, nous abordons explicitement la manière dont la Belgique est parvenue à acquérir une telle position, car il ne s'agit pas uniquement du travail des entreprises (bio)pharmaceutiques innovantes.

C'est le résultat du travail de nombreuses personnes, au cours de nombreuses années. Politiciens, décideurs, services administratifs, entrepreneurs et investisseurs, médecins, chercheurs cliniques, chercheurs fondamentaux (dans les institutions académique, les hôpitaux, les universités et les entreprises (bio)pharmaceutiques, des plus petites start-ups belges aux plus grands acteurs mondiaux), fournisseurs, etc. La Belgique dispose d'un écosystème exceptionnel avec un mélange unique d'incubateurs, d'accélérateurs, de centres de recherche, de parcs scientifiques et de pôles d'innovation.

Les éléments clés de cet écosystème sont la cohérence et la prévisibilité de la politique, qui découlent d'un engagement et d'une vision à long terme. Cette ambition de faire de la Belgique une véritable « vallée de la santé et de la biotechnologie » ; un pays dans lequel la R&D, les essais cliniques et la production sont stimulés, est même ancrés dans l'accord de coalition fédéral.

Un examen approfondi de nos archives a permis de recueillir de nombreuses données historiques, bien que l’historique pour chacune des séries ne remontent pas aussi loin dans le temps. Nous avons également inclus, dans la mesure du possible, des données pour 2021 et 2022, parfois en tant que données préliminaires.

Nous nous focalisons ici sur les analyses à long terme suivantes :

1. Emploi
2. Exportations et importations
3. Excédent de la balance commerciale
4. Valeur ajoutée
5. Investissements en immobilisations
6. Investissements en matière de Recherche et Développement (R&D)
7. R&D réalisée en Belgique par rapport à l'Europe, au Japon, aux États-Unis et à la Chine

En 1983, l'emploi direct dans le secteur (bio)pharmaceutique en Belgique s'élevait à plus de 14.000. Quelque 40 ans plus tard, ce nombre a presque triplé. En 2021, l'emploi direct dans les entreprises (bio)pharmaceutiques en Belgique s'élevait à plus de 42.000, principalement dans les entreprises innovantes, membres de pharma.be.

En outre, ces activités de production, de recherche et de commercialisation impliquent une multitude d'emplois indirects (par ex. transport, fournisseurs) et induits (par ex. emplois supplémentaires dus aux dépenses effectuées en Belgique par les travailleurs directs) (pour 2021, respectivement plus de 53.000 et 36.000 emplois).

Tant les importations que les exportations de produits (bio)pharmaceutiques ont évolué de manière significative au cours des 25 dernières années. Les exportations belges de produits (bio)pharmaceutiques ajustées pour l'inflation) en 2022 sont plus de 10 fois plus élevées que celles de 1999.

En 2021, les exportations de la Belgique s'élevaient à plus de 90 milliards d'euros, tandis que les importations s'élevaient à plus de 72 milliards d'euros.

La différence entre les exportations et les importations d'un pays est appelée balance commerciale. Si la différence entre les exportations et les importations est positive, on parle d'excédent commercial. Le graphique ci-dessous montre à la fois l'excédent commercial total de la Belgique et l'excédent commercial de l'industrie (bio)pharmaceutique.

En 15 ans (2007 - 2021), l'industrie (bio)pharmaceutique a contribué à l'excédent commercial de la Belgique à hauteur de 8,42 milliards d'euros par an en moyenne (corrigé pour l'inflation ; 2020 = 100). L'excédent commercial moyen de la Belgique  au cours de cette période était de 14,47 milliards d'euros par an (corrigé pour l'inflation ; 2020 = 100). Pour certaines années, le secteur a ainsi permis à la Belgique de bénéficier d'une balance commerciale positive.

Les entreprises (bio)pharmaceutiques ont fourni en moyenne 58,2% de l'excédent commercial total de la Belgique pendant 15 ans (2007 - 2021).

La contribution totale de l'industrie (bio)pharmaceutique à l'excédent commercial de la Belgique sur une période de 15 ans (2007 - 2021) s'élevait à 126 milliards d'euros (ajustée pour l'inflation ; 2020 = 100).

Les données préliminaires montrent que le secteur continuera à apporter une contribution positive significative à la balance commerciale de la Belgique en 2022.

La valeur ajoutée peut être définie comme la valeur économique qu'une entreprise ajoute aux marchandises qu'elle reçoit en appliquant un processus de transformation spécifique.

La valeur ajoutée de l'industrie (bio)pharmaceutique belge a plus que triplé au cours de la période 1995-2021. Cette augmentation est environ cinq fois supérieure à celle de l'ensemble de l'économie belge. La situation est totalement différente pour l'ensemble de l'industrie manufacturière belge, qui n'a connu aucune croissance en termes de valeur ajoutée au cours de la même période. Le pic de 2020 dans le secteur (bio)pharmaceutique est dû au rôle exceptionnel que la Belgique a joué dans la production des vaccins COVID-19.

Les investissements bruts en actifs fixes (par ex. bâtiments et machines pour la production de médicaments) réalisés en Belgique par les entreprises (bio)pharmaceutiques ont régulièrement augmenté sur une période de 30 ans : en 2021, ils s'élevaient à 5 milliards d'euros. En 27 ans (1995-2021), ces investissements ont totalisé 82,7 milliards d'euros (corrigés pour l'inflation ; 2020 = 100 ; les montants pour 2020 et 2021 sont encore provisoires).

Une tendance similaire peut être observée sur le long terme dans les investissements en R&D réalisés en Belgique. Ils s'élevaient eux aussi à environ 5 milliards d'euros en 2021. La R&D a été réalisée pour un total de 60 milliards d'euros sur une période de 23 ans (1999-2021) (ajusté pour l'inflation ; 2020 = 100).

Nous avons également analysé les données historiques relatives aux investissements dans la recherche et le développement. Cette analyse pourrait vous permettre de tirer des conclusions très surprenantes.

Le graphique ci-dessous montre la croissance relative de la R&D réalisée dans ce pays. La croissance relative de la Chine ayant été très élevée au cours des deux dernières décennies, la croissance relative des autres régions a été amplifiée dans un encadré distinct afin de montrer l'évolution de la situation dans ces régions. Il est clair que la Belgique surpasse systématiquement les États-Unis dans ce domaine.

Au cours des trois dernières décennies (1986-2020), les dépenses de R&D en Belgique ont augmenté presque systématiquement plus vite qu'au Japon, en Europe et même aux États-Unis.

Pour la Chine, nous disposons de données à partir de 2001. Par conséquent, nous disposons des dépenses enR&D pour le Japon, l'Europe, les États-Unis, la Belgique et la Chine sur la période allant de 2001 à 2020.

Voici la croissance relative des dépenses en R&D dans les différentes régions concernées au cours de cette période :

• Japon : 163%
• Europe : 209 %
• États-Unis : 308
• Belgique : 421 %
• Chine : 4,075 pour cent

L'augmentation des dépenses de R&D en Chine était environ 9,7 fois supérieure à celle de la Belgique sur la période 2001-2020.

La forte augmentation en Chine s'explique en partie par le fait que la R&D représentait un montant absolu très faible il y a une vingtaine d'années (270 millions d'euros). Mais alors qu'en 2010, la R&D totale en Chine représentait 75 % des dépenses de R&D de la Belgique, l'année suivante, elle représentait déjà 114 % de la R&D de la Belgique. En 2020, le volume absolu de R&D en Chine était déjà le double de celui de la Belgique et la Chine était sur le point de dépasser le Japon.

Le graphique ci-dessus montre également qu'à partir de 2014, les dépenses en R&D des États-Unis, en particulier, ont fortement augmenté, l'écart avec l'Europe s'accélérant chaque année.

En 2020, 63,49 milliards d'euros ont été consacrés à la R&D aux États-Unis. Dans l'UE, ce montant était de 38,75 milliards d'euros. L'écart entre les investissements en R&D aux États-Unis et dans l'UE s'est maintenant creusé pour atteindre 24,74 milliards d'euros.

Le fait que la Belgique traîne derrière les États-Unis et à l'Europe en termes de dépenses absolues en R&D n'est pas si surprenant, car ces deux régions ont une population beaucoup plus importante que la Belgique. Cependant, si l'on calcule les dépenses en R&D par habitant, la Belgique s'avère être de loin la championne.