Un sous-investissement dans les médicaments prive la Belgique d’économies

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Politique en matière de médicaments et de vaccins

Des défis budgétaires se profilent à l'horizon

Les finances publiques de la Belgique ne sont pas au beau fixe. Il en va de même pour la situation budgétaire du gouvernement fédéral. La dernière estimation pluriannuelle du comité de suivi, datée du 13 juillet 2023, dresse un tableau peu réjouissant du solde de la Belgique et du gouvernement fédéral, qui deviendra de plus en plus négatif au cours des prochaines années. Le solde des pouvoirs publics fédéraux devrait s'affaiblir pour atteindre -4,4 % du PIB en 2028, contre -3,5 % en 2023. En conséquence, la dette publique ne cesse d’augmenter.

Étant donné que les dépenses de soins de santé représentent environ 25 % des dépenses fédérales (hors charges d'intérêt), il semble évident que, dans le cadre du prochain exercice d'assainissement budgétaire nécessaire, les soins de santé devront supporter une partie des économies. Ceci est en contradiction avec le constat de l'OCDE selon lequel la part des dépenses de soins de santé dans le PIB des pays de l'OCDE continuera à croître systématiquement au cours des deux prochaines décennies, y compris en Belgique [1]. Cette croissance naturelle des dépenses est due, entre autres, à l'évolution démographique et aux développements technologiques qui permettront d'améliorer les soins de santé.

Les dépenses de santé en Belgique sont comparables à celles des pays voisins ...

Lorsqu'un prochain gouvernement doit faire des économies, il est intéressant d'examiner ce à quoi le gouvernement belge consacre un montant relativement important par rapport à d'autres pays. Selon une étude de la Banque nationale de Belgique (BNB) [2], le total des dépenses publiques belges s'élevait en 2019 à 52,1 % du PIB [3], contre une moyenne de 47 % dans la zone euro. Cela fait de la Belgique le troisième pays ayant les dépenses publiques les plus élevées, après la France et la Finlande. Si on examine plus en détail les catégories de dépenses, les dépenses de santé belges semblent comparables à celles de l'Allemagne, de la France et des Pays-Bas, les pays inclus par la BNB dans son exercice de benchmarking. Mais si l'on considère spécifiquement la catégorie de dépenses de santé qui comprend les médicaments (« produits, appareils et dispositifs médicaux »), il apparaît que nous dépensons moins pour ces derniers (0,5 point de pourcentage du PIB en moins). 

… mais la Belgique dépense moins en médicaments que les autres pays européens

Le fait que nous dépensions moins pour les médicaments en Belgique est également confirmé par les données d'Eurostat dans une comparaison plus large des pays européens [4]. En moyenne, les pays européens consacrent 14% des dépenses de soins de santé aux médicaments, la Belgique se situe près de 3% en dessous.

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Part des médicaments dans les dépenses totales de santé (2020)

Il est frappant de constater que les pays où la part des dépenses de médicaments dans les dépenses de santé est la plus faible sont également les plus touchés par les pénuries de médicaments. Ces pénuries peuvent entraîner des problèmes pour les patients concernés. Les faibles dépenses en médicaments réduisent l'espace budgétaire pour maintenir les médicaments sur le marché, mais aussi pour apporter de nouveaux médicaments innovants aux patients belges. Ainsi, les faibles dépenses en médicaments ont un coût substantiel.

Alors que la consommation de médicaments entraîne une réduction des dépenses dans d'autres domaines des soins de santé

Les médicaments ne sont pas un coût mais un investissement. La disponibilité de nouveaux médicaments est avant tout une bonne nouvelle pour les patients, mais la valeur ajoutée pour la société est également incontestable. Notons entre autres à l'impact économique d'une population en meilleure santé et plus productive. L'utilisation de médicaments permet également de réduire les dépenses dans d'autres domaines du système de santé. Les économies réalisées en termes de dépenses hospitalières, par exemples, sont impressionnantes. Dans une étude réalisée pour la Belgique, le professeur Lichtenberg [5] a calculé la réduction des coûts hospitaliers due à l'introduction de nouveaux médicaments en 2019. Il conclut que ces économies s'élèvent à au moins 5.004 millions d'euros. Ce montant est supérieur aux dépenses publiques totales en médicaments de prescription en Belgique pour la même année : 4.894 millions d'euros. Il est donc possible de réaliser des économies en dépensant davantage pour les nouveaux médicaments.

Tom-De- Spiegelaere
Tom De Spiegelaere
Healthcare Budget Advisor
Geert-Steurs
Geert Steurs
Economics Director - Chief Economist

[1] OESO, Fiscal Sustainability of Health Systems, 2024, https://www.oecd.org/health/fiscal-sustainability-of-health-systems-880f3195-en.htm

[2] “What kind of public expenditure is high in Belgium? A comparison with neighbouring countries”, Revue économique de la BNB, Septembre 2021

[3] Les dépenses publiques des années COVID-19 étant très différentes des tendances structurelles des années précédentes, la BNB a analysé les données jusqu'en 2019

[4] Eurostat data browser, 7/2/2024

[5] Lichtenberg, F. (2023), “The long-run impact of changes in prescription drug sales on mortality and hospital utilization in Belgium, 1998-2019”

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