La recherche vers de nouveaux médicaments n'est pas une fin en soi. Elle doit bénéficier à la population.
Pour permettre aux patients d'accéder plus rapidement aux médicaments innovants, l'accord de coalition parle d'un pacte avec l'industrie pharmaceutique. Un tel pacte permet de mettre en équilibre les avantages d'un accès plus rapide au marché et ses coûts souvent élevés. Il offre au gouvernement et à l'industrie une plus grande certitude et laisse une marge de manœuvre pour la consultation sur les conditions. La conclusion d'accords est l'un des moyens par lesquels les médicaments prometteurs peuvent être remboursés plus rapidement pour les patients. Dans ces accords, les entreprises s'engagent à rembourser les médicaments si certains niveaux de dépenses sont dépassés et si davantage de données cliniques sont collectées dans l'intervalle. Le patient, l'industrie et l'organisme de remboursement y trouvent leur compte.
Un an avant les prochaines élections, un pacte avec l'industrie n'est pas envisageable. Après avoir consulté l'industrie, ainsi que de nombreuses autres parties prenantes, le ministre a lui-même rédigé une feuille de route. Sa traduction concrète en termes de législation fait encore l'objet de spéculations. Mais avec ce qui est actuellement sur la table, un instrument important pour l'accès rapide aux médicaments innovants est déjà en train d'être supprimé. Le ministre souhaite limiter davantage la durée des accords de remboursement dans le temps. L'incertitude qui en découle est grande. Qu'en est-il du remboursement après cette échéance ? Cela vaudra-t-il encore la peine de collecter toutes ces données cliniques en Belgique ? Les investissements importants dans la recherche et le développement cliniques pourront-ils dès lors encore être rentabilisés ?
Notre pays est l'un des leaders de l'innovation en Europe. Sur le tableau de bord de l'innovation de l'Union européenne, nous occupons la cinquième place. Pour un pays caractérisé par des coûts de main-d'œuvre et des dépenses publiques élevés, il est important de développer des activités qui génèrent une forte valeur ajoutée. L'innovation est cruciale à cet égard. La solide industrie biopharmaceutique de notre pays est le premier investisseur privé dans la recherche et le développement, avec 5,7 milliards d'euros en 2022. Ces investissements devraient déboucher sur de nouvelles percées médicales, afin de mieux prévenir les maladies, de guérir les patients ou, au moins, d'améliorer leur qualité de vie. La recherche vers de nouveaux médicaments n'est pas une fin en soi. Elle doit en fin de compte profiter à la population.
En lien avec l'innovation et la disponibilité, vous trouverez également dans cette lettre d'information un article sur la remise des prix Galien. Une récompense qui s'apparente à un équivalent industriel du prix Nobel. Cette année, pas moins de huit entreprises ont été nominées pour ce prix : Amgen, argenx, AstraZeneca, Lilly, Novartis, Pfizer et Sanofi. Le prix de l'innovation a finalement été décerné à la société gantoise argenx pour son médicament contre la maladie musculaire rare qu'est la myasthénie grave : le Vyvgart®. Nous pouvons être fiers, à juste titre, lorsque nous regardons les lauréats des précédents prix Galien. Mais lorsque nous examinons la disponibilité de ces innovations pour les patients belges, le problème structurel devient visible ici aussi. Il s'agit de la lenteur de l'accès des patients à ces médicaments pionniers. En moyenne, il s’écoule jusqu'à 21 mois avant que le remboursement des médicaments innovants récompensés par un prix Galien ne soit approuvé !
C'est en Belgique que se déroule une grande partie de la recherche et du développement dans l'industrie biopharmaceutique. C'est là que des études cliniques pour de nouveaux traitements prometteurs sont menées en collaboration avec les meilleurs hôpitaux et spécialistes. Il est donc cynique que le gouvernement de notre pays ne veuille pas investir suffisamment pour mettre ces traitements à la disposition de sa propre population. La Belgique veut-elle vraiment être une plaque tournante de la médecine pour le reste du monde et laisser les patients de son pays dans le froid ? Le gouvernement est-il réellement intéressé par l'innovation au profit des patients, ou l'idéologie prend-elle le dessus ?
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